De Uchida Hyakken
Forme courte / Théâtre et Arts croisés
Mise en scène Alain Batis
Avec Amélie Patard, danseuse et Alain Carnat, comédien
Scénographie : Sandrine Lamblin, Lumières : Jean-Louis Martineau, Costumes : Jean-Bernard Scotto, Création musicale et sonore : Guillaume Jullien, Chorégraphie : Amélie Patard, Vidéo : Grégory Marza
Création 2013
A partir de 14 ans
Durée : 20 minutes
Le 9 juin 2015 au Centre Culturel André Malraux / Scène Nationale de Vandœuvre-lès-Nancy dans le cadre de la programmation d’Une semaine à tisser – Opus 1 : Rêves à tisser
Le Rêve par le prisme d’une nouvelle japonaise
Dans La neige, nouvelle de Uchida Hyakken publiée en 1934, le narrateur ne cesse de penser toute la journée à tuer la femme qui vient de le quitter. Et pourtant, l’homme demeure impassible et regarde la neige tomber drue. Il se laisse même surprendre par l’éclatante beauté d’une femme fantomatique vêtue d’un hakama rouge, qui apparaît dans sa maison, se fait servir par lui avant de disparaître. Des hommes surgissent bientôt de nulle part, elle revient les piétiner avant de fondre comme neige… Il est un témoin effacé.
Est-ce une allégorie de la vengeance… ?
L’écriture agit sourdement comme une brûlure étouffée au-dedans. Joue à contre jour.
Comme une réalité transpercée par l’horreur et qui pourtant ne provoque rien. Tout reste quelque part suspendu, immobile, inerte. La frontière entre réalité et cauchemar, entre rêverie éveillée et souvenir distordu est brouillée en permanence. La neige tombe verticale comme un point sur un i.
Une impression d’étrangeté comparable à celle d’un sol instable traverse la nouvelle. Nous n’avons pas les pieds sur terre, nous sommes dans le monde flottant, le monde de l’illusion et du rêve.
Il s’agit d’explorer la dimension visuelle, musicale et chorégraphique née de la puissance inouïe de cette langue épurée. D’approcher cette compression des sens. De traduire dans un espace vibratoire commun l’inquiétante étrangeté qui suinte des lignes de La neige.
Les amateurs des films de David Lynch n’auront aucune difficulté à entrer dans l’univers de Uchida Hyakken, qui apparaît aujourd’hui comme l’un des prédécesseurs de la littérature du 21ème siècle, de Murakami Haruki.
Petite forme créée dans le cadre d’Une semaine à tisser – Opus 1 : Rêves à tisser, projet piloté par la Compagnie La Mandarine Blanche en résidence à la Méridienne – Scène conventionnée de Lunéville et bénéficiant de l’aide du Conseil Régional de Lorraine.